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LA PLUME ET LE ROULEAU

LA PLUME ET LE ROULEAU

250 chroniques éclairent le présent à la lumière de l'histoire


1440 : JACQUES COEUR, aventurier de la finance médiévale (1)

Publié par La Plume et le Rouleau sur 1 Juin 2009, 00:10am

Catégories : #Personnalités célèbres

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Cette chronique, cette chronique du Cœur

 

Ces paroles ne vous rappellent rien ? Alors chantez-les sur l’air des « Restos du cœur », cela ira sans doute mieux. Eh oui, c’est en parodiant les paroles de l’excellent Jean-Jacques Goldman, écrites en 1986 pour soutenir l’initiative du regretté Coluche, que nous débuterons notre chronique historique d’aujourd’hui.

 

Ce ne sera pas pour y parler de pauvreté et de misère, quoique le sujet soit, hélas, intemporel. Ce sera pour y parler, au contraire, d’argent, de luxe, de pouvoir, de corruption et d’aventures avec un personnage étonnant à la destinée de météore : Jacques Cœur.

 

Une précision et un avertissement : il n’existe aucun portrait, dessin ni sculpture de Jacques Cœur qui lui soit contemporain : toutes les illustrations que vous découvrirez sont donc le fruit d’imaginations d’artistes qui ne l’ont pas connu.

 

Partons donc, quoiqu’il en soit, à la (re)découverte du Moyen Age, une époque que nous avons rarement étudiée jusqu’ici mais que nous avions évoquée il y a près de deux ans avec la personnalité, séduisante et mystérieuse, de la maîtresse du roi Charles VII, Agnès Sorel (morte en 1450).

 

Où sommes-nous, donc, aujourd’hui ? Nous sommes en pleine « Guerre de Cent Ans ». La Guerre de Cent Ans est, rappelons-le, un conflit dynastique. Les Anglais, non sans argument, revendiquent en effet le trône de France dans le cadre du vide successoral que connait celui-ci. Lequel ?

 

En 1328, le roi de France Charles IV le Bel meurt sans héritier. Charles IV le Bel, rappelons-le, est le fils de Philippe le Bel, celui qui fit arrêter les Templiers (et brûler ses principaux chefs derrière Notre-Dame de Paris). Il est, après Louis X le Hutin et Philippe V le Long, le troisième et dernier fils de ce Philippe le Bel (ces trois-là sont ceux que l’écrivain disparu Maurice Druon appellera les « rois maudits »).

 

Avec la mort ce Charles le Bel, c’est la fin de ce qu’on appellera le « miracle capétien » : la lignée ininterrompue, depuis 987 et l’élection d’Hugues Capet au trône de France, de souverains qui avaient tous eu un héritier mâle pour leur succéder. A une époque où la mortalité infantile est forte et l’espérance de vie courte (autour de 40 ans), une période de 350 ans d’une telle continuité avec, à chaque fois, un garçon qui peut arriver à l’âge adulte et succéder à son père était apparu inespérée et quasi-miraculeuse, confortant la légitimité de Capétiens à l’évidence favorisés par le Ciel…

 

Mais maintenant, en 1328, c’en est fini et, au plan pratique, la France doit désormais se trouver un roi...

 

Et pourquoi pas une reine ?

 

Ni Charles IV ni Philippe V n’avaient eu d’enfant. Ce n’était toutefois pas le cas de leur frère aîné Louis X (dit le Hutin), dont la fille Jeanne, seule vivante, avait épousé le Comte Philippe d’Evreux. En 1328, on s’interroge : pourrait-elle ceindre la couronne ? En fait, si oui, elle ne serait pas la première en ligne de succession. Pourquoi ?

 

Car Isabelle de France, la propre sœur de Charles IV le Bel, pourrait dans ce cas prioritairement prétendre succéder à son frère.

 

Et c’est là que le problème se corse. Car Isabelle de France est certes veuve mais, mariée à feu Edouard II Plantagenet (d’une famille d’origine angevine mais qui règne sur l’Angleterre), la couronne de France, passerait ensuite à son fils Edouard III… roi d’Angleterre. Il apparait rapidement que la perspective de voir un rosbif régner sur les mangeurs de grenouille est inacceptable.

 

On décide donc, en allant rechercher de façon rétroactive une ancienne loi que l’on appelle « salique » (qui date de Clovis - soit huit siècles auparavant – et qui ne concerne en fait que des questions successorale en matière immobilière) de considérer que toute femme est, de droit, écartée de la succession au trône de France. Le trône ne « peut tomber de lance en quenouille » (c’est l’expression exacte…) C’est alors le cousin de Charles IV, Philippe dit « de Valois » qui va monter sur le trône pour être sacré sous le nom de « Philippe VI. »

 

Evidemment, les Anglais ne sont pas d’accord et, de négociations en arguties, Edouard III Plantagenet et Philippe VI de France décident de vider leur querelle sur le pré : c’est le début de la « Guerre de Cent ans » (qui, dans les faits, durera en fait 116 ans). Les débuts du conflit sont marqués par de nombreuses victoires anglaises : de 1337 à 1364, les Britanniques étendent ainsi leur contrôle sur une grande partie de la France par les Anglais (Traité de Brétigny).

 

De 1364 à 1380 en revanche, Charles V, petit-fils de Philippe VI entame une patiente reconquête du territoire. Il privilégie pour cela la conquête une par une des places fortes et délaisse les grandes batailles rangées où les troupes anglais sont manifestement supérieures.

 

A partir de 1380 et la mort de Charles V, le jeune âge d’abord (puis ensuite la folie) de son fils Charles VI fragilisent le camp français qui va progressivement reperdre du terrain face aux perfides Anglois….

 

C’est dans ce contexte, que commence, à Bourges, dans le Berry, l’histoire de la famille Queux ou Cueux (une appellation qui, à l’époque, peut signifier « cuisinier » et a donc une connotation relativement vulgaire).

 

Pierre Cueux, cependant, n’est pas cuisinier de son état mais tanneur. Il s’est récemment installé dans la ville. Grâce aux prodigalités du duc Jean de Berry (1340 – 1416), frère cadet du feu roi Charles V, la ville de Bourges connait, à partir des années 1380, un vigoureux essor économique et artistique.

 

Pierre Cueux, par le cuir qu’il travaille et fournit, gagne rapidement beaucoup d’argent et atteint alors une position sociale aisée. Bientôt, afin de consolider sa fraiche et fragile ascension sociale il épouse la fille (ou la veuve, ce n’est pas clair) d’un boucher. Il change aussi progressivement la graphie de son nom pour s’appeler désormais « Cueur » puis bientôt « Cœur ». C’est plus chic.

 

En 1395, Pierre Cœur, toujours tanneur et toujours assez riche, a un fils, Jacques. En 1409, la famille Cœur décide de changer de domicile : elle quitte le quartier industrieux et malodorant de la tannerie pour s’installer près de la chapelle ducale, le quartier des commerçants aisés (un peu comme si, de nos jours, elle quittait le quartier du Sentier à Paris pour s’installer rue du faubourg Saint-honoré…) Cette mobilité géographique traduit la nouvelle étape franchie dans l’ascension sociale des Cœur : une ascension encore renforcée, quelques années plus tard, par le mariage (1418), de Jacques Cœur avec Macé de Léodepart la fille du prévôt de Bourges (le prévôt est une sorte de préfet nommé par le roi et exerce des attributions administratives et judiciaires pour les villes où il n’y avait pas d’« échevins », c’est-à-dire de conseillers municipaux élus).

 

Ca y est, à force d’enrichissement et d’alliances matrimoniales, les Cœur ont intégré le gotha berruyer ! C’est la gloire. Pour l’instant, cette gloire est purement locale. Mais l’ascension des Cœur ne fait que commencer... Nous allons la suivre en la replaçant dans une perspective plus large. Car, pendant que les Cœur travaillent à leur prospérité égoïste, le royaume de France lui, est en guerre contre la Perfide Albion.

 

Et la situation empire.

 

En 1420, décidément fou, Charles VI donne en effet sa fille cadette, Jeanne, en mariage… au nouveau roi d’Angleterre Henri V (Traité de Troyes) : cela renforce évidemment d’autant les prétentions dynastiques anglaises Pire, la folie du roi Charles VI le conduit à officiellement… déshériter son propre fils aîné, le dauphin Charles (futur Charles VII, âgé de 17 ans à l’époque) ! Les juristes français (évidemment favorables au Dauphin) forgent alors de toute pièce le principe intangible selon lequel un roi ne peut disposer à sa guise de la couronne et ne peut ni déshériter son successeur légitime ni s’en créer d’autres: ce concept d’« indisponibilité » sera, du reste, repris avec force trois siècles plus tard, en 1715, à la mort du roi Louis XIV et s’affirmera définitivement comme l’une des « lois fondamentales du royaume ».

 

Opportunément, en 1422, Charles VI meurt. Son fils Charles, « Dauphin », n’est pas encore été couronné officiellement. Or, dans une société fortement marquée par la religiosité et où le sacré tient une place capitale, cette cérémonie pourrait consacrer, plus que tout débat juridique, la légitimité du nouveau et jeune souverain. Hélas pour lui, le Dauphin, qui aspire à devenir « Charles VII » n’en est pas encore là.

 

Quoiqu’il en soit, le Dauphin décide de s’installer, avec sa cour, à… Bourges. La famille Cœur, et spécialement Jacques, va évidemment n’avoir qu’à se réjouir de cette bonne fortune…

 

Le Dauphin Charles est, globalement, impécunieux. Il cherche donc des appuis parmi la riche bourgeoisie de Bourges. En retour, il les gratifie d’honneurs, de privilèges et d’offices (le droit d’exercer des fonctions officielles et de transmettre ensuite ce droit aux héritiers). Vous l’aurez compris : dans ce système, celui qui paie est toujours celui qui se trouve en bas de la pyramide des honneurs. Car tous ces privilèges, exonérations doivent bien, in fine, être financés par des impôts, payés évidemment par le bon peuple…

 

En 1428, une jeune fille du nom de Jeanne d’Arc, énergique et exaltée (elle prétend avoir entendu des voix célestes) parvient à approcher le Dauphin pour lui faire part de sa mission divine de « bouter les Anglois hors de France »). Elle obtient le commandement d’une armée et, en mai 1429, parvient à déloger les Anglais de la ville d’Orléans. En juin 1429, elle les bat cette fois à Patay. Elle convainc alors le Dauphin de traverser les territoires contrôlés par les Bourguignons (alliés aux Anglais) pour aller se faire sacrer en tant que « Charles VII » dans la cathédrale de Reims. En juillet 1429, c’est fait.

 

La reconquête progressive du territoire français est enclenchée et le roi Charles VII s’affirme désormais comme l’héritier légitime de la couronne. Ce sont désormais dans ses caisses et non dans celles des Anglais que rentrent les impôts. Les foires et grands rassemblements commerciaux, que la Guerre avait ruiné, se reconstituent.

 
Jacques Cœur, fils de Pierre le tanneur, va profiter de ce contexte favorable. « Plein d’industrie et de haut engin » (= actif et très débrouillard), comme le dit l’un de ses contemporains, ce commerçant, qui a 34 ans en 1429, devient membre de la « Compagnie fermière de la monnaie de Bourges ».  Qu’est-ce ? Une société de personnes (« compagnie ») privée qui a la concession et le monopole (la « ferme ») pour fabriquer des pièces de monnaie en assemblant les métaux et les mettre en circulation (« battre monnaie »). Bientôt, il devient également associé d’un groupement qui fournit au roi divers denrées utiles (blé, fourrage, tissus, cuir, métaux, etc…)

 

Mais, déjà, dans sa hardiesse, Jacques Cœur commet un premier faux pas… Avec le « Maître des monnaies », Jacques Cœur trafique sur les pièces : il rogne leur diamètre, réduit le pourcentage d’or qu’elles contiennent (l’aloi). Bref, il met en circulation de la monnaie de mauvaise qualité et trafique à son profit du métal noble récupéré. Cela porte évidemment préjudice à la monnaie royale, en laquelle la confiance est moindre. Le roi se fâche. Jacques Cœur est bientôt condamné (1429). Puis gracié quasiment aussitôt. Jacques Cœur décide alors d’élargir son horizon et devenir armateur de bateaux.

 

C’est innovant car la position des ports du sud de la France s’est notablement affaiblie. Montpellier ne fait quasiment plus de commerce maritime, Aigues-Mortes s’est ensablée (« aigues » = eaux, d’où son nom…) et Narbonne n’est plus un port (cela semble une évidence aujourd’hui mais, au XIIème siècle, c’était pourtant encore le cas).

 

L’entreprise est risquée, aussi. Au XVème siècle, la Méditerranée n’est pas sûre et, en comparaison, la côte de Somalie de 2009 fait figure de havre de paix. En Méditerranée, les pirates pullulent et la mer est une zone où règne l’anarchie. Il y a bien sûr les Barbaresques des côtes d’Afrique du Nord qui rôdent en bordure des côtes et effectuent à l’occasion quelques razzias à l’intérieur des terres, il y a aussi les Marseillais (qui pratiquent le rapt à l’embouchure du Rhône pour vendre des esclaves en Orient, il y également les Catalans, en embuscade et encore les Génois prêts à tout et qui trouvent refuge en Corse. Enfin, il y a les tempêtes, les fortunes de mer imprévisibles…

 

Mais l’Europe manque d’épices, de soies, de denrées exotiques diverses et ses riches seigneurs sont prêts à les payer à prix d’or. C’est le prix du risque et ce risque, Jacques Cœur est prêt à le prendre pour faire fortune. En 1432, il prend la route de Montpellier et s’embarque sur un navire, pour aller découvrir le Levant : direction Beyrouth et Damas. Là-bas, il loue un navire, le remplit de précieux produits puis reprend la mer.

 

Malchance ! Son navire fait naufrage et Jacques Cœur et son bateau échouent sur la côte nord-ouest de la Corse, près de Calvi. Les Corses le repêchent, mettent la main sur sa cargaison, ne lui laissant « que sa chemise » et le réexpédient vers le continent. Il revient à Bourges en ayant tout perdu. Sauf ses ambitions.

 

A partir de 1435, Charles VII renforce son influence sur la partie nord de la France et reconquiert le bassin parisien. En 1436, Charles VII, pas rancunier, confie à Jacques Cœur la Monnaie de Paris. En 1438,  Jacques Cœur est nommé « Argentier » : en fait l’intendant de la Maison du roi.

 

Jacques Cœur a pour mission de veiller à l’entretien quotidien du roi et d’approvisionner la cour et les Grands du royaume en étoffes, bijoux, meubles, armes, draps, épices, fourrures… Concrètement, il a désormais le monopole du commerce des biens de luxe, que seuls les Puissants peuvent s’offrir. Il fixe les prix, se rend indispensable, favorise les clients qu’il désire, permet à chacun d’améliorer son image et l’ostentation de sa situation.

 

C’est l’exploitation de ce monopole conféré par le roi, davantage que l’amélioration, modeste, des échanges économiques à l’époque, qui constituent le tremplin de l’ascension fulgurante de Jacques Cœur à partir de 1438. Entrepreneur hors pair, il a compris qu’il lui faut exploiter cette position à grande échelle et, pour cela, il met sur pied un vaste réseau de correspondants, négociants, transporteurs, fournisseurs qui font converger les marchandises vers Bourges.

 

Les fourrures et les harengs arrivent de la Baltique, les draps de luxe sont fabriqués en Belgique et les toiles grossières proviennent de Barcelone. Le cuir est importé d’Ecosse. Les marchandises arrivent à Rouen où la Rochelle puis sont convoyées vers Paris ou directement vers Bourges. Avec le sud de la Loire, le commerce est encore plus important. Du port de Montpellier partent chaque année six bateaux car le pape Urbain V, par privilège spécial, a autorisé la ville à commercer avec les Infidèles jusqu’à ce quota. Jacques Cœur en profite pour importer des épices et des soieries que, depuis Montpellier, il remonte par le Rhône vers Lyon. Il utilise largement le transport fluvial, spécialement pour les chargements lourds ou volumineux. Pour les marchandises légères, il loue des charrettes (« voituriers »)  et des mulets.

 

Ces locations permanentes coûtent cher : Jacques Coeur achète alors directement des navires. A partir de 1440, il en possède 4 qui jaugent entre 250 et 800 tonneaux. Ils sillonnent le nord-ouest de la Méditerranée sur une zone Montpellier – Nice – Naples – Palerme avant de rejoindre l’ile de Rhodes (au sud des côtes turques) encore sous contrôle chrétien. De là, d’autres navires rejoignent Beyrouth et Alexandrie puis, par terre, Damas, la Mer Rouge et le golfe Persique. De là, Jacques Cœur importe des épices, de l’or, de la soie, du coton et de l’alun (des sulfate contenant de l’aluminium, du fer ou du chrome). Il y trafique aussi des esclaves, ce qui est interdit en Europe…

 

Plus marginalement, Jacques Cœur fait aussi du négoce avec le Maghreb à l’aide de caravanes qui partent d’Espagne (Catalogne, Valence, Baléares).

 

L’ « empire » de Jacques Cœur est un formidable réseau, bien huilé, de fournisseurs et de transporteurs. Avec ses produits, Jacques Cœur fournit la cour, inonde de luxe les Grands du royaume, offre des cadeaux prestigieux à leurs femmes… ou à leurs maîtresses, ainsi qu’il le fait avec Agnès Sorel, maîtresse en titre du roi Charles VII.

 

Ce n’est cependant pas, à proprement parler, un empire « industriel » : Jacques Cœur ne produit aucune richesse, n’a pas de savoir-faire particulier dans aucune transformation. Il détient certes une teinturerie (Montpellier), un moulin à papier (Lyon) et des participations dans une armurerie (Bourges) et une fabrique de soie (Florence). Il a acheté des mines de plomb dans le Lyonnais et aussi d’argent. Mais Jacques Cœur est, avant tout, un négociant habile, quelqu’un qui fait circuler les produits et les richesses. Il participe à l’élévation du niveau de vie (de l’élite sociale, bien sûr).

 

C’est un négociant. Un trafiquant, aussi ? Pas loin car, à partir de 1440, Jacques Cœur obtient un droit quasi-régalien : obliger à faire ramer sur ses galères privées les « coquins, ruffians, taverniers et autres méchantes gens » pris dans des rafles de police. Cette main-d’œuvre involontaire mais bon marché présente des avantages économiques évidents et ne suscitent aucune réprobation. A condition de s’assurer évidemment que ces forçats de la rame sont bien tous issus de la racaille, car sinon… Mais nous verrons cela ultérieurement…

 

En 1441, Jacques Cœur obtient son anoblissement : il fait désormais partie de l’aristocratie. Pour son frère cadet Nicolas, il obtient l’évêché de Luçon. Pas mal, pour les fils d’un simple tanneur…

 

Jacques Cœur est maintenant un personnage incontournable du royaume de France. Car, en ces temps d’expansion du pouvoir monarchique, le roi ne dispose pas autour de lui de techniciens du commerce ou des finances. La haute aristocratie est constituée de soldats et de propriétaires fonciers qui entendent peu à ces domaines, à la technicité jugée vulgaire.

 

Vulgaire mais utile. Car si la monarchie veut renforcer son pouvoir, elle doit s’avérer capable de collecter l’impôt, de transférer son produit de façon sécurisée, de mobiliser les sommes aux endroits nécessaires pour en assurer la redistribution ou la dépense. La monarchie, en 1440, doit être capable d’opérer, à la place des aristocrates locaux, la ponction fiscale sur la paysannerie et la classe moyenne bourgeoise et artisanale. En contrepartie, elle s’assure la fidélité de l’élite sociale (l’aristocratie, du grec « aristos » = « les meilleurs ») par des gratifications, offices, postes, soldes et pensions.

 

Vous l’aurez observé : au bout du compte, c’est toujours la France d’« en-bas » qui paie (mais vous l’aviez deviné)… 

 

La suite…

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B
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H
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H
<br /> Thank you very much for your encouraging comment.<br /> I presently think to post this blog also in english but things are not so easy...<br /> <br /> <br />

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