Mes Chers Amis,
Aujourd’hui, coiffez votre chapeau mou, attrapez votre fouet et fourrez votre revolver dans votre poche ! En effet, il y a 19 ans aujourd’hui (très précisément le 12 juin 1981) un film qui allait marquer son époque sortait sur les écrans américains : « Raiders of the lost Ark » (dans la langue de Voltaire : « Les aventuriers de l’Arche Perdue ») avec l’increvable Harrison Ford. Au programme : archéologie, mystère, bagarres, poursuites échevelées, gentils américains, pittoresques égyptiens, méchants nazis et résurgence de tout un fonds culturel judéo-chrétien.
Aujourd’hui, partons nous aussi à la recherche de l’Arche !
Ayant reçu sur le mont Sinaï les Tables de la Loi qui lui avaient été dictées par Yahvé, Moïse ordonna, dès son retour, la fabrication de l'Arche (c’est à dire du coffre) qui servirait de réceptacle aux Dix Commandements.
Il obéissait en cela à l’Eternel avec les ordres duquel, vous le savez, il vaut mieux ne pas rigoler : « Ils feront une arche en bois d'acacia ; de deux coudées et demie sera sa longueur, d'une coudée et demie sa largeur, et d'une coudée et demie sa hauteur. Tu la recouvriras d'or pur ; (…) Tu placeras dans l'Arche le témoignage que je te donnerai. (…) »
(Livre de l'Exode)
Selon la Bible, les Hébreux amenèrent l’Arche à Jérusalem. Là, le roi Salomon (couronné vers 970 av. JC et mort en 931 av. JC) fit construire un temple (environ 950 av. JC) pour l’abriter. Le mystère qui plane autour de l'Arche vient du silence de l'Ancien Testament lui-même sur son devenir car, après cet épisode la Bible ne mentionne plus l'Arche directement. Aucune mention n’en est même faite quand la ville est prise par le roi Nabuchodonosor (604 av. JC), lequel détruit le Temple de Salomon (en 585 av. JC : il n’en subsiste aucun vestige et l’actuel Mur des Lamentations n’est qu’un vestige d’un Temple rebâti par Hérode, contemporain de Jésus, puis détruit par Titus en 70 ap. JC).
Que conclure de ce silence de la Bible ? Deux possibilités se présentent logiquement.
Que l’Arche a pu être détruite. Il vaut mieux alors « étouffer l’affaire » car si des païens peuvent détruire l’oeuvre de Dieu, c’est que tout fout le camp.
Qu’elle a pu être transportée et mise en sûreté ailleurs. Il vaut mieux alors éviter d’indiquer sa localisation dans ce qui va être le livre le plus lu de tout l’histoire de l’humanité !
Admettons cette dernière hypothèse sur la base d’évènements à l’historicité déjà bien contestable. Mais alors où pourrait se trouver l’Arche d’Alliances ? Les hypothèses divergent.
Facile : certains pensent qu’elle fut cachée à Jérusalem même, dans les entrailles du Mont Moriyya (sous l'actuel Dôme du Rocher d’Abraham, surplombé par la Mosquée Al-Aqsa) : ce que des archéologues israéliens auraient découvert dans les années 90. Hypothèse commode puisque, compte tenu de l’imbrication des lieux « saints » à cet endroit, on ne risque pas d’aller jamais y faire de fouilles !
Plus fort : certains prétendent l’avoir découverte ! (Il y a un site internet sur la question). Il s’agirait tout simplement du… sarcophage de Toutankhamon, dont la forme cubique et les décorations ressemblent étrangement à la description biblique de l’Arche. Les auteurs de cette théorie hardie invoquent d’ailleurs d’autres ressemblances entre l’écriture hébraïque et certains signes hiéroglyphiques pour avancer l’idée d’une parenté entre les Hébreux et les Egyptiens. Seul problème : Toutankhamon est mort en 1330 av. JC et l’on ne voit pas bien comment (et pourquoi) l’Arche aurait été déposée dans son tombeau tandis que David allait faire construire un temple un siècle et demi plus tard pour l’y abriter. Cela ne trouble pourtant pas l’aplomb des archéologues amateurs précités !
Nous voilà à l’hypothèse la plus « sérieuse », si l’on peut dire : La Bible et le « Kebra Nagast », (livre éthiopien datant du XIIIe siècle et qui compile des traditions orales datant des premiers siècles de l'ère chrétienne) nous disent que la Reine de Saba (tenue pour souveraine de ce qui est aujourd’hui l’Ethiopie ou bien encore le Yémen) était venue à Jérusalem pour y rencontrer le roi Salomon, célèbre pour sa sagesse. Il s’entretinrent longtemps, parlant de métaphysique et de religion avec une telle intensité intellectuelle que la reine choisit finalement de se convertir au judaïsme.
Mais Makeda (ou Bilqis, cela dépend de la traduction) était aussi fort belle et, durant la dernière nuit précédant le jour où elle devait repartir, Salomon, usant d’un stratagème vaseux et, n’y tenant plus, se jeta sur elle pour lui parler d’autre chose que de métaphysique. C’est à la suite de ces errements que Salomon, durant un temps, abandonna les affaires publiques, laissa le royaume aller à vau-l’eau et oublia d’adorer le Dieu Unique pour se vautrer lamentablement dans le culte idolâtre, le luxe et le stupre.
C'est lamentable.
Makeda-Bilqis serait finalement repartie… enceinte et, vingt ans plus tard, le fils de Salomon, Ménélik, revint rencontrer son père, lequel le laissa ensuite repartir escorté des fils aînés des personnages importants du royaume hébreu. Perfidement, ceux-ci avaient dérobé l’Arche !
Aujourd’hui, l’Arche se trouverait dans le monastère de N-D de Sion, à Aksoum, en Ethiopie, (ci-contre) sous la garde de moines chrétiens (les chrétiens représentent 46 % des 65 millions d’Ethiopiens, le saviez-vous ?)…
Mais voilà que surgit une ultime hypothèse : la terrible sécheresse du début des années 1980 qui avait frappé l’Ethiopie avait amené le Mossad (les services secrets israéliens) à négocier avec l’Ethiopie (qui voulait s’en débarrasser) le « retour » des « Falashas » (les juifs éthiopiens), et uniquement ceux-ci, au grand scandale, du reste, de la communauté internationale (les autres populations, étant non juives, étant en effet priées de continuer à mourir de faim). Mais le Mossad aurait aussi (ce sont des malins), négocié la restitution de l’Arche. L’objet qui serait ainsi actuellement caché en lieu sûr en Israël, en attendant que la stabilisation des évènements dans la région permette la reconstruction du Temple de Jérusalem…
Vue l’avancée du processus de paix au Proche-Orient, ce n’est pas demain la veille. Il est certes vrai que Dieu a l’éternité devant lui.
Mais comme le dit Woody Allen : « L’éternité, c’est long. Surtout vers la fin. »
Bonne journée à tous.
La Plume et le Rouleau © 2002