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LA PLUME ET LE ROULEAU

LA PLUME ET LE ROULEAU

250 chroniques éclairent le présent à la lumière de l'histoire


BONNE ANNEE 2021 : A la découverte du comput et des calendriers (1)

Publié par La Plume et le Rouleau sur 1 Janvier 2021, 01:10am

Catégories : #Littérature & divers

(chronique de 2007 mise à jour en 2021)

Chèr(e)s ami(e)s et abonné(e)s de la Plume et du Rouleau,

C'est le moment : BONNE ANNÉE 2021 !

Vos élucubrations historico-culturelles mensuelles ne peuvent manquer de saluer l’ouverture de cette 2021ème année de l’ère chrétienne par cette formule de vœux mille fois répétée à vos oreilles : formule très convenue. Convenons-en…

Et pourtant ! Derrière ce simple chiffre, « 2021 », se cachent en réalité bien des calculs et, pour tout dire, bien des mystères. Histoire, religion, mathématiques et astronomie vont se mêler étroitement dans cette nouvelle chronique de la Plume et du Rouleau dont la légèreté du ton autant que le souci de vulgarisation ne devraient pas nuire, espérons-le, à la rigueur du fond du propos. Qu’est-ce qu’un calendrier ? Comment les diverses civilisations ont-elles comptabilisé le temps et à partir de quoi ? Avec quelles erreurs, quelles approximations et quels choix ? Nous allons le voir.

Partons d’une constatation simple : faire de l’histoire nécessite de maîtriser la chronologie des évènements pour bien en saisir les enchaînements immédiats et la portée ultérieure.

Mais qui dit « chronologie » (Chronos : le temps ; Logos : la science) implique :

- Un point de départ pour la comptabilisation de ce temps

- Le découpage du temps en une succession de périodes

Et, mine rien, tout cela ne va pas être simple. Pas simple mais passionnant.

Dans les civilisations antiques, le polythéisme et la mythologie en vigueur ne permettent pas de décider d’un point de départ spécifique. En Chine, en Égypte, à Babylone, à Athènes, on délimite chaque période en fonction du règne du dirigeant du moment. Il est d’usage d’écrire alors dans les actes officiels : « durant la ….ème année du règne (ou de la magistrature) de untel ». Ensuite : aux historiens de se débrouiller pour reconstituer la chronologie pour savoir ce qui s’est passé et quand !

Si ce système va perdurer assez longuement, les monothéismes vont progressivement changer la donne.

Sous l’empire romain, (à partir de la mise en place par Jules César du calendrier « Julien » en « - 46 », que nous allons découvrir un peu plus loin), on utilisait divers systèmes de numérotation des années du calendrier : soit celui-ci commençait à l' « ab urbe condita » (date supposée de la fondation de Rome) soit il commençait à l'année de règne du souverain en fonction. Dioclétien, par exemple (empereur de 284 ap. JC à 305 ap. JC), a institué l' « anno Diocletiani » numérotant à partir du commencement de son propre règne (rien que cela !). 

Judaïsme, Christianisme puis Islam, par leur nature même de religion « révélée » vont définitivement abolir ces « calendriers en morceaux » pour les remplacer par une mesure du temps prenant un événement particulier comme point de départ.

Mais quel évènement ?

 

Le JUDAÏSME a fixé comme point officiel de début de son calendrier le 1er jour de la création du monde par le Tout-Puissant. Au sens du calendrier hébreu, le 1er Tishri (premier jour du premier mois) de l'an 1 correspond au dimanche 6 septembre 3761 av. JC (c’est précis) du calendrier grégorien actuel. C’est ce dimanche-là que Dieu dit « Que la lumière soit ! ».

Et la lumière fut.

Reprenant ce système bien pratique (dans son principe), les deux autres grands monothéismes dérivés du Judaïsme (le Christianisme et l’Islam) vont également appliquer ce principe, mais avec, forcément, des points de départ différents

 

Le CALENDRIER MUSULMAN, lui, adopte comme « jour 1 de l’an 1 » le premier jour de l’ « Hégire » : (de l’arabe « هجرة » : exil, rupture, séparation). L’hégire est la journée où Mahomet et ses premiers compagnons se sont enfuis de la Mecque vers le nord et l’oasis de Yathrib (qui prendra plus tard le nom de Médine). Dans les faits, ce nouveau calendrier est mis en place 10 ans seulement après l’événement en question. Considérée depuis le calendrier chrétien, cette date de l’Hégire est celle du « 16 juillet 622 ». Mais « 622 » après quoi ? Mais, me direz-vous, quelle question ! « 2021 après quoi ? 622 après quoi ? » Après la naissance du Christ, bien sûr !

Pas si sûr…

Voyons donc comment le CALENDRIER CHRÉTIEN, de son côté, s’est construit.

Dans les premiers temps du christianisme, il ne vient à aucun chrétien l’idée de créer un calendrier en comptabilisant les jours à partir de la naissance de Jésus. Les premiers chrétiens n’ont aucunement l’intention de bouleverser la société dans laquelle ils vivent. Ils n’en ont d’ailleurs pas les moyens : ultra-minoritaires, confinés dans l’est de l’empire romain, ralliant au départ des classes sociales plutôt peu favorisées, les Chrétiens subissent rapidement des persécutions violentes de la part du pouvoir impérial romain. Pour eux, avant de changer la société, il faut d’abord survivre, éviter les rafles, les tortures, les décapitations et la fosse aux lions (sainte Blandine en 177)… En 250 par exemple, l’empereur Dèce rend le culte impérial obligatoire et persécute ainsi les chrétiens qui refusent, naturellement, de procéder aux sacrifices rituels. Pour eux, la seule incarnation divine n’est pas l’empereur mais, évidemment, le Christ.

Mais la décadence progressive de l’empire romain conjugué à la forte pénétration du christianisme parmi les classes favorisées de la société romaine vont permettre au Christianisme de s’imposer. En 310, l’empereur Constantin 1er se convertit et devient chrétien. De facto, Constantin 1er abandonne la nature divine de sa fonction d’empereur (à laquelle, au vrai, plus personne ne croyait depuis belle lurette). Dans une situation où l’autorité et la crédibilité de la puissance publique est en plein affaiblissement, cette conversion est pour Constantin un acte politique éminemment utile. Constantin 1er s’assure en effet l’appui d’une religion qui encadre l’essentiel des habitants de l’empire romain et a bâti un maillage serré et hiérarchisé de la société.

En 313, une nouvelle étape est franchie : la religion chrétienne devient religion d’état (Édit de Milan). Pour les Chrétiens et leur évêque (= leur chef, qui est à Rome et qu’on n’appelle pas encore le « Pape »), la victoire devient officielle : le polythéisme appartient désormais au passé et est rejeté dans la catégorie des mythes.

Pour le Christianisme, c’est alors le début d’un important travail de cohésion interne et de peaufinage théorique. Dans les années qui suivent, on tranche les questions théologiques à l’aide de conciles qui permettent de fixer une « ligne théologique », d’affirmer clairement les dogmes de la religion, de nommer les cadres de l’Église, d’écarter les « hérésies » (doctrines, écoles de pensées chrétiennes spécifiques).

Ainsi en 325 à Nicée (aujourd’hui Iznik, en Turquie) et sur convocation de Constantin, un concile de 318 « Pères de l’Eglise » affirme (notamment) à l’issue de débats complexes, vigoureux et plein d’érudition :

- l’existence de la « Sainte Trinité » (le Père, le Fils et le Saint-Esprit)

- la double nature, humaine et divine, de Jésus

- et rejette la tendance dite de l’arianisme

Le concile de Nicée prend aussi des mesures plus concrètes en fixant la date de Pâques : « Pâques est le dimanche qui suit le 14ème jour de la lune qui a atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après ». On appelle cela la « règle alexandrine », laquelle sera difficile, nous le verrons, à respecter sur le long terme en raison des incohérences entre le calendrier théorique et la mécanique céleste réelle.

En 392, l’empereur Théodose interdit officiellement les cultes païens. C’est le coup de grâce. Puis le temps passe et l’empire romain s’écroule définitivement : 476, c’est le début du Moyen Age.

Les barbares déferlent sans retenue sur l’Europe. Certains s’allient à ce qui reste des troupes gallo-romaines pour repousser les Huns (451)à Châlon-sur-Marne et se sédentarisent. Parmi eux : les Francs, un peuple d’agriculteurs. Dans cette situation de grande confusion et, disons-le, d’anarchie permanente, la structure de l’église chrétienne reste la seule à maintenir une forme de continuité dans l’organisation de la société. Pouvoir politique ou pas, invasion, guerres ou coups d’état entre chefs de tribus, les villages restent toujours des « paroisses », reliées entre elles par des liens de hiérarchie (prêtres, curés, évêques…) que l’on pourrait qualifier de « supra-étatique », s’il y avait eu encore un état digne de ce nom à l’époque.

Pour Clovis, roi des Francs (481 – 511), cette stabilité est tentante. Cet homme de guerre est un païen mais son épouse, Clotilde, est chrétienne. Par ailleurs, l’Eglise considère que les Francs « saliens » dont il est le chef sont le mieux à mêmes d’assurer la protection de la religion : ses représentants locaux tels que Rémi (évêque de Reims) ou Vaast (évêque de d’Arras) se livrent donc à de nombreuses ouvertures diplomatiques en direction du chef franc. En 496, Clovis se convertit (« Brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé » lui dit Rémi). Il est sacré en la cathédrale de Reims : la monarchie française a scellé un pacte avec l’église chrétienne. Il va durer 1 500 ans.

Si Clovis a su construire un empire, ses successeurs (les « rois fainéants », stigmatisés dans l’école de République d’autrefois) le laisseront tomber en déréliction. Le christianisme, pendant ce temps, s’enracine définitivement dans la société. Nous en voulons pour cela une preuve concrète : la mise en place d’un calendrier chrétien. Car, grosso modo, jusqu’au milieu du VIème siècle, on compte toujours en année « Dioclétienne » (c’est-à-dire après l’avènement de l’empereur romain Dioclétien : soit 284 ap. JC).

Nous sommes de retour dans le sujet.

Car c’est là qu’intervient un personnage du nom de Dionysus Exiguus (Denys « le petit » – intellectuellement, s’entend -) : un surnom que l’intéressé a choisi lui-même par humilité alors qu’en réalité c’est un religieux fort érudit. D’origine arménienne et né vers 470 en Scythie mineure (entre le nord-est de la Bulgarie et le sud-est de la Roumanie), Denys arrive à Rome vers 500 et devient abbé d’un monastère. Il rédige des traductions d’ouvrages des Pères de l’Eglise et acquiert une solide réputation suite à ses travaux sur la discipline ecclésiastique et la… chronologie.

Aux alentours de 525 (on n’est pas fixé sur ce point), le pape Jean 1er (pontife de 523 à 526) décide de se pencher sur le comput. Qu’est ce que le « comput » ? Le comput n’est pas une vulgarité : c’est le calcul du temps pour fixer le calendrier ecclésiastique à venir et ses spécialistes sont les « computistes ». En effet, alors que, sur le papier, la date annuelle de la fête de Pâques a été clairement fixée lors du Concile de Nicée en 325 (on l’a vu), Pâques est en réalité célébrée à des dates différentes suivant les régions du monde chrétien !

Parce qu’en Orient, pour fixer la date de Pâques, on effectue un calcul extrêmement complexe des « cycles lunaires » partant du postulat que la nouvelle Lune revient à la même date calendaire tous les 19 ans. On y mêle aussi le « nombre d’or » et le « cycle solaire »… Pas simple. Tandis qu’en Occident, on postule un « cycle lunaire » non pas de 19 ans mais de 84 ans. Le résultat final, des deux côtés, est de toutes façons loin d’être incontestable…

Bref : au bout du compte, on est incapable de décompter correctement le temps qui passe pour célébrer les fêtes de la liturgie en même temps. D’autant plus que, à cette époque (près de cent soixante ans après la chute de l’empire romain), on compte toujours les années à partir du début du règne de Dioclétien (284) : un empereur notoirement connu pour la répression qu’il exerça contre les Chrétiens !

Une telle anarchie est-elle acceptable pour une religion sérieuse ? Non ! Le pape Jean 1er veut donc harmoniser tout cela.

Jean 1er demande donc à Denys le Petit de se saisir de la question du comput (le calcul du calendrier religieux) avec une mission claire : définir la date de naissance de Jésus et le nombre d’année écoulées depuis celle-ci afin de pouvoir bâtir un nouveau calendrier très chrétien. Denys le Petit se lance donc dans des calculs à rebours, très complexes, de l’ensemble des cycles solaires et s’adjoint les travaux d’autres computistes et historiens antiques.

D’emblée, Denys comprend que personne ne sait vraiment combien d’années se sont écoulées depuis la naissance du Christ. Il doit donc attaquer la question sous un autre angle et trouver des informations pertinentes pour recouper les indices.

Denys le Petit est un chrétien, un clerc et, donc, va décider de s’appuyer largement sur les informations fournies par les évangiles. Cela semble tout naturel lorsqu’il s’agit de la vie du Christ et dans la mesure où les sources romaines sont inexistantes. Mais quels évangiles ? Parlons-en un peu.

Précisons que le terme d’« évangile » est issue du grec « evangellion » : la « bonne nouvelle ». Il y en a deux sortes : les « canoniques » (ils sont quatre) et les « apocryphes » (quelques dizaines).

Les quatre évangiles, que vous connaissez, sont des textes diffusant une doctrine sans souci véritable d’historicité. Le but des apôtres est en effet de convertir le maximum de fidèles à la nouvelle foi et non de relater les faits avec un souci d’exactitude digne d’historiens. La forme actuelle de ces évangiles, du reste, résulte d’un long travail de résumé, d’élagage et parfois de rajouts tardifs de la part des autorités religieuses au cours des premiers siècles afin de fixer la forme et la composition définitive de la doctrine officielle : le « canon ». Loin d’être des textes uniques écrits chacun par un personnage particulier, les évangiles sont une compilation des traditions orales, rapportées par de multiples sources par ailleurs rarement contemporaines de la vie du Christ. L’attribution de tel évangile à tel personnage est donc purement fictive : rédigés en grec à l’origine, ils datent d’époques différentes.

L’exégèse considère ainsi que « L’évangile de Marc » a été rédigé avant 70 (on suppose 65) car il ne mentionne pas la destruction du Temple de Jérusalem par les Romains (qui a eu lieu précisément, en 70) : c’est le plus ancien. « L’évangile de Luc » semble avoir été rédigé après 70 : c’est dans celui-ci qu’abondent les évènements surnaturels : les apparitions d’anges et les miracles. « Matthieu » était (contrairement aux deux précédents) un des disciples originels de Jésus. On pense que son évangile fut rédigé par un juif converti vers 80 ou 90 car c’est celui qui place le plus largement l’enseignement de Jésus dans la continuité de l’Ancien Testament. « L’évangile de Matthieu » est le seul évangile qui évoque l’étoile qui aurait guidé les mages, une étoile dont la célébrité va être immense. Quant à « Jean », c’est un évangile original : il ignore nombre d’épisodes relatés par les autres évangélistes mais en évoque d’autres, inédits, tel les noces de Cana ou la résurrection de Lazare. Il date, dans sa forme définitive, probablement des alentours de 120. 

Nombre d’auteurs, anonymes ou usant de pseudonymes, ont également rédigé et diffusé d’autres textes concernant Jésus, sa vie, son ministère et sa doctrine, à des dates souvent postérieures mais parfois proches de celles des quatre évangiles officiels. On les appelle péjorativement les évangiles « apocryphes » car l’Eglise considère qu’ils sont « faux » du point de vue théologique. On peut citer, parmi la longue liste que laissa saint Epiphane (315 - 403) : l’« évangile de Matthias », de « Pierre », de « Philippe » et les divers « évangiles de l’enfance » (« protévangile » de Jacques », « évangile de Nicodème », appelé aussi « Actes de Pilate », « histoire de Joseph le Charpentier », « évangile de Thomas » qui conte notamment comment le petit Jésus ridiculise le maître d’école par son savoir ou change des oiseaux d’argile en oiseaux véritables pour amuser ses camarades).

Objectivement, l’extravagance de certains de ces récits n’est pas plus absurde que les épisodes « officiels » où Jésus ressuscite Lazare ou bien change l’eau en vin. Par ailleurs, compte tenu de leur âge, il est fort possible que ces évangiles contiennent également d’authentiques paroles de Jésus, oubliées. En tout état de cause, ces évangiles apocryphes nous renseignent sur l’état d’esprit de la société de l’époque et imprègnent la mémoire collective chrétienne puisque nous leur devons :

- la présence du bœuf et de l'âne auprès de Jésus nouveau-né

- ou encore les noms des trois « rois-mages »...

C’est pourquoi, longtemps laissés de côté, les évangiles apocryphes ont récemment fait l’objet d’études sérieuses, y compris par les hommes d’Eglise eux-mêmes.

C’est en l'an 364, au « concile de Laodicée » que, parmi tous ces évangiles, quatre seulement (Marc, Luc, Matthieu, Jean) furent « canonisés » tandis que tous les autres évangiles étaient déclarés « apocryphes, faux, hérétiques ou non authentiques ». 

Les épîtres attribuées à Paul furent canonisées en l'an 397 au concile de Carthage, comme les Actes des Apôtres et l’Apocalypse de Jean. En 495, le pape Gélase 1er rendit un décret condamnant définitivement les livres dit « non authentiques » et interdit leur lecture. Le corpus théologique était abouti.

Rien d’étonnant, dans ces conditions, que Denys le Petit se restreigne aux seuls évangiles « canoniques » : cela ne va pourtant pas pour autant lui simplifier la vie, loin de là. Résumons ses travaux et les faiblesses de ses conclusions.

Denys se fonde sur les deux seuls évangiles qui évoquent la naissance du Christ : celui de Luc et celui de Matthieu (les autres n’en parlent pas). « Luc » indique que Jésus commença à prêcher à « environ trente ans » (Lc III, 23), « en l’an quinze du principat de Tibère César », « quand Ponce Pilate était gouverneur de Judée » et « Hérode trétarque de Galilée ». Denys fait alors un calcul simple (en apparence) : au sens du calendrier « romain » en vigueur à l’époque du Christ, le monde était en « 782 » après la fondation de Rome (une fondation d'ailleurs elle-même mythique !)

782 – 30 = 752 : la fondation de Rome a donc eu lieu en – 752 av. JC. Et Jésus est donc né en 752 du calendrier romain. Le tour est joué !

Or, dès le début, le raisonnement est défaillant : nous allons voir cela ci-après.

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