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LA PLUME ET LE ROULEAU

LA PLUME ET LE ROULEAU

250 chroniques éclairent le présent à la lumière de l'histoire


1499 : Un PONT tout NEUF

Publié par La Plume et le Rouleau sur 25 Octobre 2001, 12:07pm

Catégories : #Littérature & divers

Mes Chers Amis,

Il est près de midi dans une grande capitale du monde. Tout est calme. Quand soudain, un fracas épouvantable se fait entendre. C’est le bruit d’un écroulement complet. Et tout de suite après, des cris, des gens qui court, d’autres qui restent muets d’étonnement. La catastrophe vient de se produire sous les yeux ébahis de passants incrédules. Un grand nuage de fumée et de poussière s’élève dans l’air. Un des monuments de la ville s’est effondré. En quelques secondes, il n’en reste plus rien.

Que se passe-t-il donc ? Non, il ne s’agit pas d’un attentat terroriste même si la scène de panique y ressemble fortement. A cette époque, encore, ce genre de crime n’existe pas.

Non, en ce 25 octobre 1499, à Paris, c’est le Pont Neuf qui vient de s’écrouler, emportant avec lui vingt-cinq des trente maisons qui sont construites dessus !

Il faut rappeler que le Paris du Moyen Age est évidemment fort différent de celui que nous connaissons aujourd’hui.

A cette époque, la ville résulte encore d’une urbanisation anarchique et incontrôlée qui n’a jamais fait l’objet d’une quelconque planification. Le Paris du Moyen Age est tout entier à l’image du quartier Latin ou du Marais encore aujourd’hui : des rues en tout sens, des ruelles étroites qui se coupent au gré des constructions.

Quant aux ponts, il y en a peu : cinq en tout. Les quatre premiers relient l’Ile de la Cité aux deux rives, le cinquième passe directement d’une rive à l’autre. On l’appelle le Pont Neuf ou le Pont Notre-Dame : parce qu’il est le pont le plus récent de Paris, celui que Charles VI a fait construire en 1413 en remplacement d’une passerelle de bois appelée auparavant la « planche Mibrai ». Long de 56 mètres et large de 14, c’est également un pont sur lequel sont bâties 30 maisons de part et d’autres, qui sont louées à des commerces. Le promeneur passe alors d’une rive à l’autre en empruntant une rue commerçante sans s’apercevoir qu’il passe au-dessus du fleuve.

Or le fleuve gronde en dessous et la Seine, dépourvue de digues qui réguleraient son cours en amont, va attaquer pendant de nombreuses années et au long de ses nombreuses crues un ouvrage aux défauts de construction datant de son origine. Le pont repose en effet sur 17 ensemble de 30 pieux de... bois !

Malgré diverses réfections, le temps et l’usure font leur ouvrage.

Déjà, deux ans plus tôt, en 1497, le maître charpentier de la ville de Paris, Gautier Hubert, a averti les autorités compétentes : le pont se fissure dangereusement. Mais on n’a pas tenu compte de ses dires.

Ce 25 octobre 1499, Jean Papillon, le lieutenant criminel de Paris (sorte de préfet de police de l’époque) a été réveillé à l’aube : cette fois, ça y est, l’effondrement est proche. On a alors fait évacuer les maisons, dans l’ordre et le calme. Et puis tout à coup : Patatras ! Le pont choit dans un grand fracas. Le nombre de victimes, heureusement, est resté limité (moins d’une dizaine, semble-t-il) et a concerné en fait les gens établis sur la rive du fleuve. Car celui-ci, barré soudainement par les gravats, a reflué, inondant les berges en quelques secondes et emportant les gens qui n’avaient pu les quitter.

L’impact économique, en revanche, est lourd : de nombreuses entreprises et commerces établis tant sur le pont que sur la rive furent détruits.

Il faut trouver des responsables : on invoque d’abord la colère du Ciel mais on s’aperçoit que le châtiment divin n’avait pas eu besoin d’un meurtre récemment commis là.

En fait, la réponse est simple : mal construit et mal entretenu, il était fatal que le pont finît par s’écrouler. Le prévôt des marchands, Jacques Piedefert et quatre acolytes, convaincus de détournement de fonds et d’incurie, sont promptement jetés en prison : leur amende servira à payer, partiellement, la réfection de l’ouvrage.

Quant au pont, il est décidé de le reconstruire.

Le roi va utiliser pour cela les connaissances architecturales de l’italien Giocondo, un dominicain de Vérone. On décide que les cinq piles seraient triangulaires pour éviter la formation de courants dangereux pour la navigation, que le pont aura six arches et qu’il portera soixante-huit maisons symétriques.

La première pierre sera posée le 28 mars 1500 et les maisons commenceront à être rebâties en 1507. Ce n’est qu’en 1786 qu’on les rasera.

Dans les années 80 on empaquettera le pont, pour rigoler. Aujourd’hui, le Pont Neuf est solide. Tellement que certains dorment même dessous...

Bonne journée à tous.

La Plume et le Rouleau © 2001

Et pour des histoires de mystères et de secrets, lisez La cinquième nouvelle...

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