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LA PLUME ET LE ROULEAU

LA PLUME ET LE ROULEAU

250 chroniques éclairent le présent à la lumière de l'histoire


1919 : LANDRU, le sire de Gambais

Publié par La Plume et le Rouleau sur 11 Avril 2004, 13:45pm

Catégories : #Crimes & affaires judiciaires

Cher(e)s Ami(e)s et abonné(e)s des chroniques de la Plume et du Rouleau,
 
Le 11 avril 1919, au 76 rue Rochechouart, les inspecteurs de la première brigade mobile viennent arrêter un individu qui y loge chez sa maîtresse Fernande Segret. Il y a des présomptions graves envers lui : les familles de deux femmes ont en effet porté plainte contre lui après que celles-ci aient été demandées en mariage par cet homme, qu’elles se soient rendues dans sa villa de Gambais et qu’elles aient ensuite mystérieusement disparu. La maréchaussée arrête sans difficulté le suspect : un homme petit, mince, poli, avec une barbe noire fournie et qui ne leur oppose aucune résistance. L’attitude d’un innocent sûr de son bon droit ? Ou plutôt celle d’un criminel endurci, calculateur et sans état d’âme, certain d’être pour l’heure pris au piège mais qui attend l’occasion propice pour s’en échapper ?
 
La presse et les émissions télévisées regorgent, aujourd’hui comme hier, de la description macabre des forfaits de tueurs en série dont on croirait, au vrai, qu’ils sont de plus en plus nombreux. Cela va-t-il être le cas de votre chronique d’aujourd’hui ? « Rien de tel (en effet) qu’un bon fait divers » dit un jour un lecteur à votre serviteur... Certes. Efforçons-nous toutefois d’élever le niveau afin que votre chronique historique ne se transforme pas en antichambre de magazines à horreur et bas prix… Il s’agira donc aujourd’hui non de relater la litanie des faits mais de tenter d’éclairer leur enchaînement et de comprendre le contexte favorable à l’épanouissement des agissements de l’acteur (et quel acteur !) principal de cette chronique historique. 
A côté de celui-ci, en effet, les « serial killer » que sont Francis Heaulme, Guy Georges, Emile Louis, Michel Fourniret ou Patrice Allègre (pour ne parler que des « stars » les plus récentes de ce type d’actualité) apparaissent comme des cas singulièrement fades et dépourvus d’intérêt. Ce sont des prédateurs dangereux et leurs méthodes méritent d’être étudiées mais ils n’ont aucun pittoresque et, surtout, sont peu complexes ou originaux au plan psychologique.
 
Bref, ce sont des tueurs comme vous et moi.

Je plaisante, évidemment.

L’homme dont nous allons parler aujourd’hui est d’un autre calibre. Souvent imité, jamais égalé, il reste un cas stupéfiant pour l’analyse criminelle, un cas qui défie l’imagination la plus folle. Je suis sûr que vous le reconnaîtrez rapidement (si ce n’est déjà fait) mais, pour nous amuser, appelons-le tout d’abord « Monsieur X » car ses victimes, elles, ne le connurent jamais sous son véritable nom et la police elle-même eut du mal à établir un lien entre les nombreux pseudonymes qu’il utilisa.
 
Situons d’abord le contexte historique afin de planter le décor du drame incroyable qui s’annonce. La « Belle Epoque » (1890 – 1914) voit l’explosion du travail féminin dans les usines et dans les villes. Celles-ci sont pleines de jeunes femmes qui y vivent seules ou à plusieurs, souvent dans des conditions précaires et pour de bas salaires. Pour un certain nombre de ces « midinettes » (celles qui sortent déjeuner à midi et se promènent dans les jardins publics ou sur les boulevards), ces "grisettes", ces "trottins", ces vendeuses, couturières, ouvrières, petites mains, femme de ménage, la prostitution occasionnelle avec les bourgeois qui les abordent peut leur permettre d’arrondir leurs fins de mois. Rien d’étonnant, dans ces conditions d’isolement, que les rubriques matrimoniales des journaux s’étoffent. La première Guerre Mondiale accroît dramatiquement le phénomène : le nombre des veuves explose. Celles-ci disposent de faibles pensions et peu de ressources et, naturellement, cherchent à refaire leur vie au plus vite. Le mari potentiel, l’homme en général, est une denrée rare. « Monsieur X » va en profiter à fond.
 
Jusqu’à la guerre, il n’avait vécu en effet que de modestes escroqueries au « cautionnement ». Qu’est-ce ? De nos jours, il arrive parfois qu’un salarié, débauché d’une société par un concurrent, reçoive en arrivant chez ce dernier un « welcome bonus » : une somme d’argent destinée à encourager sa motivation. Au début du siècle, c’est l’inverse : le cautionnement est une somme versée par le nouvel employé à son employeur qui a eu la bonté ineffable de l’embaucher. Elle lui prouve son dévouement et sa volonté de se défoncer pour lui… Drôle d’époque que la Belle Epoque. 
Naturellement, « Monsieur X » va faire croire à quelques candidats qu’il les emploie, va toucher leur cautionnement puis disparaître avec l’argent. Sorti de prison pour d’autres affaires en mars 1913, « Monsieur X » aura amassé 30 000 F–or de ces escroqueries. En juin 1914, suite aux plaintes des « embauchés » volés, il est condamné de nouveau (par défaut) à 4 ans de prison et à la relégation (il doit quitter la métropole pour les colonies). Une peine qu’il ne fera pas car il est en cavale. Avec la guerre (il n’est pas mobilisé car il est à la fois trop âgé, 45 ans, et il a quatre enfants), « Monsieur X » va développer spectaculairement ses activités avec un souci de gestion, une organisation logistique et une rigueur implacables. Il comprend que le meilleur moyen de ne pas être arrêté pour plainte à la suite à une escroquerie est tout simplement de… supprimer les plaignants. « Monsieur X » est en effet un homme très organisé, un gestionnaire hors pair, doté d’une mémoire prodigieuse et d’un pouvoir de dissimulation invraisemblable. D’ailleurs, il note tout, tout, tout.
 
Ca le perdra...
 
Entre 1914 et avril 1919, « Monsieur X » loue ainsi successivement 7 appartements à Paris et en banlieue, qu’il ne va pas forcément habiter mais où il va recevoir ses victimes potentielles ou encore simplement relever son courrier. Il habite parfois à deux adresses en même temps mais, naturellement sous de fausses identités. Il en a en effet de très nombreuses : Emile Diard, Georges Frémyet, Lucien Guillet, Cuchet, Petit, Dupont, Forest, Barzieux sont en effet autant d’identité sous lequel l’homme vit autant d’existences différentes. Mais ce n’est pas tout, il loue également 5 garages, ateliers ou garde-meubles à Paris et en banlieue (dont un rue Morice, à Clichy). Parallèlement, il loue également deux villas, à Vernouillet et à Gambais et ouvre plusieurs adresses (« poste restante ») dans divers bureaux de poste ou des agences matrimoniales (il en fréquente 18 !). Tout cela le contraint à des déplacements incessants : « Monsieur X » est constamment en vadrouille, à pied, à vélo, en métro, en bus, en train, il parcourt d’innombrables kilomètres dans un tourbillon permanent de vie quotidienne.
 
S’il aborde parfois directement des jeunes femmes dans des lieux publics, il préfère en général l’anonymat de la correspondance engagée à la suite d’une annonce via une agence matrimoniale ou dans un journal à la rubrique « mariage ». Ecrivain infatigable, « Monsieur X » va en retour recevoir des milliers de réponses. Il les dépouille toutes et les classe avec ordre et méthode dans des cartons soigneusement étiquetés : « à répondre de suite », « sans réponse », « archives », « rien à faire : sans fortune », « sans suite, enregistrement », « en réserve », etc...
 
Dans leur grande majorité, les femmes avec lesquelles il décide d’entretenir une correspondance sont urbaines et employées à des tâches ménagères ou domestiques. « Monsieur X » ne fait ni dans la bourgeoise fortunée et rentière ni dans l’ouvrière agricole. Ce qui lui importe, c’est en effet que sa proie soit isolée : de préférence veuve ou divorcée (mais il saura aussi sélectionner une jeune fille), sans enfant ou avec des enfants grands et loin d’elle, dotée d’économies significatives mais modérées (pour ne pas attirer l’attention de la banque). Statistiquement, la doyenne des victimes de « Monsieur X » aura 55 ans et la benjamine 19, l’âge moyen des victimes étant de 41 ans. Surtout, « Monsieur X » privilégie ce qu’il perçoit être une grande détresse affective.
 
Car « Monsieur X », fin psychologue, a mis au point un système performant de lettres-type parfaitement adaptées au profil des candidates au mariage qu’il prospecte. Il se présente lui-même comme tantôt veuf, tantôt célibataire, parfois petit industriel réfugié du Nord (occupé par les Allemands), parfois commis ambulant des postes, entrepreneur désireux de s’installer dans le Var ou au Maroc, ingénieur, fabricant de fléchettes pour l’armée et même jusqu’à… consul de France en Australie ! « J’ai une assez bonne situation, une excellente santé et de raisonnables économies » affirme-t-il en ajoutant par exemple « Les conditions d’avoir financiers ne rentreront en rien dans le choix d’une bonne épouse ». Il affiche des intentions louables : « Je voudrais un amour véritable, des sentiments qui puissent assurer un bonheur durable ». Il précise ses préférences : « Je désire surtout une femme de cœur, bonne ménagère, femme d’intérieur apportant une affection sincère, une charmante camaraderie en même temps qu’une loyale et jolie tendresse ».
 
Ce genre de prose est plus qu’il n’en faut à un ensemble de candidates qui sont rapidement enjôlées par cette séduisante littérature. En général, « Monsieur X » fait durer ce plaisir aux alentours d’un mois : les échanges épistolaires lui permettent alors de mieux cerner la psychologie des fiancées potentielles, d’évaluer leur situation financière et la proximité de leur entourage. Après un nouveau tri, « Monsieur X » descend sur "le terrain" : il leur donne rendez-vous. Son hyperactivité dépasse alors l’entendement : chronométrant son emploi du temps quasiment à la minute près, il peut passer une journée à sillonner Paris en accordant entre ½ heure et 1 heure d’entretien à chaque candidate (jusqu’à huit candidates par jour !). Se présentant sous autant d’identités différentes, il les invite au café, au restaurant ou encore se rend directement chez elles. C’est mieux car cela lui permet d’affiner ses premières impressions. Revenu chez lui après cette journée-marathon, il note ses impressions sur les recrues potentielles afin de les sélectionner. Certaines considérations sont très rationnelles : « Monsieur X » n’aime pas la vulgarité, ni la saleté, ni les animaux domestiques (il ira jusqu’à étrangler les deux chiens de sa dernière victime, Mademoiselle Marchadier, en janvier 1919). Naturellement, il est sensible au patrimoine des futures victimes mais ce n’est pas un critère déterminant. En fait, et c’est le plus tragiquement complexe, on peut dire que « Monsieur X » écarte ou choisit ses futures victimes sur la base d’un faisceau d’arguments variables et peu clairs : beauté, amabilité, anecdote, métier du mari décédé et des amants... Il note ainsi par exemple sur son carnet : « Mme L…, brune, très forte, petite, intérieur mal tenu et malpropre, a un fils au front, chanteuse des rues, vue sans suite » ou bien « veuve, a un fox en panier, un avocat lui a mangé son héritage, vulgaire, voix éraillée ». Au total, au long de 4 ans de chasse, ce redoutable prédateur aura rencontré 283 femmes.
 
Les recalées reçoivent une lettre qui les éconduit (tant mieux pour elles !). Celles qui sont sélectionnées font alors l’objet d’une cour assidue : « Monsieur X » accumule les prévenances, les invitations au théâtre, au restaurant, les cadeaux et les séjours dans l’une de ses villas où les tourtereaux se rendent, privilège rare à l’époque, en automobile. Pour des veuves ou des divorcées vivant dans la précarité, « Monsieur X » est une vraie aubaine. Il fait avec elles des projets : investissements aux colonies ou ailleurs, soleil et vie facile. Il souligne qu’il a, pour cela, naturellement besoin de capitaux et s’efforce alors de soutirer le maximum de fonds à ces malheureuses. Il y en aura 10 au total.
 
Parallèlement à ce processus de séduction, il faut bien être conscient que « Monsieur X » lance de nouveaux courriers, prend de nouveaux rendez-vous, rencontre de nouvelles prétendantes : il mène ainsi de front plusieurs « campagnes de recrutement » à des stades différents. Le soir, chez lui, il s’attelle en même temps à la confection de faux papiers : diplômes, livrets de famille, papiers d’identité. « Monsieur X » a donc tous les talents : comptable (il note au centime près les entrées et les dépenses), gestionnaire de dossiers, soupirant romantique, amant fougueux, conseiller financier averti, faussaire habile, bricoleur de génie, mais aussi meurtrier implacable et receleur cynique…
 
« Monsieur X » fait bien sûr des projets de mariage avec ses dulcinées : la durée des fiançailles sera alors proportionnelle à sa difficulté à capter leurs fonds. Plus la dame sera réticente à se faire spolier, plus elle retardera (sans le savoir) l’heure de son assassinat. Car, naturellement, le but de ces tentatives de séduction est bien de faire main basse sur les économies des victimes. En effet, les manœuvres frauduleuses sur les comptes en banque sont rendues plus difficiles quand la victime est vivante. Ainsi, plus vite elle s’abandonne, plus vite son sort est scellé. Y a-t-il une famille proche ? « Monsieur X » s’efforce d’en isoler sa fiancée afin que l’absence de nouvelles de sa part ne déclenche pas de soupçons. Madame veuve Cuchet, couturière recrutée en mars 1914 et assassinée en janvier 1915, elle, est très proche de son fils ? « Monsieur X » assassinera alors celui-ci en même temps que sa mère…
 
La prétendante liquidée, « Monsieur X » utilise les faux qu’il a préparé de longue date pour vider les comptes en banque, déménager les appartements, vendre bijoux, meubles et vêtements au plus vite, parfois avec l’aide de son fils. Avec un esprit rigoureusement méthodique, il vend tout, tout, tout. En avril 1918, après avoir assassiné Madame Pascal, une jolie divorcée de 36 ans, il ira même jusqu’à vendre son dentier pour 15 Francs !
 
Il sera établi par l’enquête que « Monsieur X » (qui aura acheté 70 scies à métaux en 4 ans) dépèce les cadavres, fait incinérer les têtes, les mains et les pieds dans la fameuse cuisinière de sa villa de Gambais et disperse les autres tronçons dans la nature. 11 victimes en tout et 1 kg d’os vont en effet être retrouvé dans l’infernal fourneau. Vous avez deviné l’identité de « Monsieur X » depuis longtemps : il s’agit de Henri-Désiré LANDRU ! 

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Landru est un personnage hors du commun sur le cas duquel enquêteurs et scientifiques ne vont pas cesser de s’étonner. 

 
Car il nie. Il nie tout. En bloc, contre l’évidence et contre l’accumulation des preuves considérables que la police rassemble. 
 
Car, et c’est l’erreur de Landru, celle-ci met la main, dès le premier jour, sur ses « archives ». La police saisit un petit carnet noir qui contient les noms de ses 11 victimes (10 femmes + le fils de l’une d’entre elles) et diverses adresses. Elle découvre alors qu’il loue notamment, on l’a dit, un garage rue Morice à Clichy. Elle s’y rend le jour même de l’arrestation. Une surprise attend les policiers : la pièce est un gigantesque bric-à-brac d’objets de toutes sortes : vêtements, lingerie féminine, perruques, meubles, ustensiles de cuisine, matelas… Et sous les matelas : une cantine cadenassée. Et dans la cantine : des piles de documents de toutes sortes, dossiers, diplômes, papiers officiels vrais et faux, pièces d’identités, lettres, emplois du temps, comptabilité qui vont permettre de reconstituer pas à pas, jour par jour et même heure par heure les macabres activités de Landru !
 
Mais Landru nie : il nie encore, de bout en bout, criant au mensonge, à la machination, arguant de sa bonne foi avec des accents de sincérité qui en viennent même à faire douter les enquêteurs.
 
 Pourtant les preuves sont là, comment Landru peut-il nier l’évidence ? Offre-t-il le profil d’un schizophrène, avec dédoublement de la personnalité, une sorte de Dr Jekyll et Mr Hyde ? Est-il malade dans sa tête ?
 
Les médecins sont naturellement invités à se pencher sur ce cas inhabituel en cherchant tout d’abord à comprendre les mobiles du criminel. Qu’est-ce qui motive Landru ? Est-ce un sadique qui se plait à torturer, physiquement ou moralement ses victimes ? « Le sadisme ? Je n’en connais pas la saveur » rétorque-t-il. Le témoignage bienveillant de sa dernière maîtresse, chez laquelle il a été arrêté, le confirme et les correspondances échangées avec ses « fiancées » ne laissent transparaître en général que des sentiments purs et simples de la part des amants. Le sexe ? Landru n’offre pas le profil d’un violeur et s’il profite de ses victimes, c’est moins par plaisir que par utilité, afin de mieux pouvoir dominer leur psychisme. Pourquoi tuer alors ? Difficile à comprendre puisque Landru nie tout et met au défi la police de prouver les meurtres en retrouvant les corps (à l’époque, l’ADN n’a évidemment pas été découvert). 
Alors reste le lucre. Landru semble avoir tué pour simplement voler l’argent de ses victimes. Certes, c’est le cas : elles ont toutes été consciencieusement dépouillées avant et après leur mort. Mais pour quel bénéfice réel ? Les comptes parlent d’eux-mêmes : en 5 ans, ses assassinats lui auront rapporté 35 642 Francs dont une partie a subi la dévaluation. Par comparaison, ses escroqueries au cautionnement précédentes (1913 – 1914) lui avaient permis d’amasser 30 000 Francs-or. L’entreprise n’est guère rentable. Car à ce produit des crimes vient encore s’imputer les frais extraordinaires que Landru engage pour « rabattre » ses victimes : locations des appartements, des villas, les repas, cadeaux, frais de timbre, chauffage, etc… En terme financiers stricto sensu, Landru ne tire de ses activités aucun bénéfice lui permettant de s’enrichir : tout gain est de fait englouti dans les frais de sa logistique, ce qui lui impose, alors, de mettre de nouvelles « fiancées » en « chantier »… Il en est même réduit à emprunter de l’argent à ses propres enfants pour assurer des fins de mois parfois difficiles.
 
Si les docteurs Dubuisson et Wallon qui étudient son cas, relèvent divers troubles (graphomanie, délire ambulatoire, manie de la persécution, mythomanie, esprit de manipulation…), ils ne concluent cependant à aucune altération mentale pathologique susceptible d’expliquer son comportement. C’est même cela qui apparaît tragiquement odieux à la raison. Dépourvu de tout sentiment de culpabilité et de sens moral, Landru a même agi avec une sorte d’amour de l’art, d’amour d’un travail bien fait, de bout en bout, parfaitement exécuté avec rigueur, précision et méthode. C’est cela, qui semble lui avoir procuré le plaisir le conduisant à la récidive. Les magistrats l’indiquent avec un regret incrédule dans leur réquisitoire définitif : « On pouvait se demander si l’on ne se trouvait pas en présence d’un fou, d’un monomane du crime, d’un sadique peut-être, dont l’état mental serait susceptible d’expliquer l’effroyable conduite. Pour l’honneur de l’espèce humaine, on aurait même été tenté de l’espérer. Il n’en est malheureusement rien. De toute cette procédure se dégage la preuve que l’on se trouve en présence d’un homme parfaitement sain d’esprit ».
 
Landru, qui a assassiné tant de veuves sera finalement, à son tour, victime de la plus dangereuse de toutes : ce jour du 25 février 1922, il purgera en effet une peine qui ne lui laissera, contrairement à d’autres, aucune occasion pour récidiver…

Bonne journée à toutes et à tous. 
 
La Plume et le Rouleau © 2004
 
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