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LA PLUME ET LE ROULEAU

LA PLUME ET LE ROULEAU

250 chroniques éclairent le présent à la lumière de l'histoire


1898 : ESTERHAZY, le traître de l'affaire Dreyfus (1)

Publié par La Plume et le Rouleau sur 7 Septembre 2001, 11:01am

Catégories : #Crimes & affaires judiciaires

Mes Chers Amis,

 

L’occasion nous est donnée aujourd’hui de nous pencher sur un anniversaire historique qui aura échappé à tout le monde sauf à la sagacité des chroniques de la Plume et du Rouleau et de ses lecteurs.

Le 7 septembre 1898, un type peu recommandable prend le bateau et quitte la France pour rejoindre l’Angleterre. Menteur, mythomane, cupide, truqueur, traître, espion : assurément, personne ne le regrettera vous direz-vous.

 

Pas sûr. Certains auraient préféré qu’il restât en France. Car l’homme en question fuit en effet afin d’éviter d’être démasqué pour un crime (c’est à l’époque la qualification donnée aux faits que je vais évoquer) pour lequel il a fait condamner à sa place un autre homme, au bagne et à vie.

 

Le fuyard s’appelle Ferdinand Esterhazy. Ce nom n’évoque que vaguement quelque chose ? Celui de sa victime deviendra autrement célèbre.

 

Remontons le fil de l’histoire pour évoquer une affaire (quelle affaire !) en attaquant son récit sous un angle différent de celui dont vous avez l’habitude.

 

Ferdinand Esterhazy est un officier de l’armée française de la fin du XIXème siècle. Il est nommé capitaine en 1877. A cette date, la Prusse possède les provinces françaises d’Alsace et de Lorraine, qu’elle a ravi à la France après une guerre éclair en 1870.

 

Les pauvres Alsaciens honnêtes et travailleurs courbent l’échine sous la brutalité obtuse de la botte prussienne.

 

Mais je m’égare.

 

Ce bref conflit, donc, qui a mis en évidence l’impréparation de l’armée française, l’obsolescence du matériel de celle-ci et les lacunes de ses cadres, a abouti à l’effondrement du Second Empire, à l’installation de la Troisième République et à la création de Grandes Ecoles pour former les futurs cadres de la nation (Sc-Po, par exemple).

 

Pour accepter de se retirer, les prussiens ont exigé le paiement d’une indemnité de 5 milliards de francs-or que les français sont allés chercher dans leurs bas de laine.

 

On comprendra donc que, depuis 1870, une haine farouche de l’empire allemand anime les militaires français, les hommes politiques et l’opinion publique en général.

 

On réarme, on forme des cadres dans l’armée et la fonction publique. On ne rêve que de revanche. On célèbre les « provinces perdues » sur les bancs d’une école rendue publique, laïque et obligatoire depuis 1882. Le nationalisme est au plus haut face à une Allemagne de Guillaume II plus arrogante, plus industrialisée, plus menaçante, plus riche que jamais.

 

Esterhazy, revenons-y, appartient à un service particulièrement sensible qui est celui des renseignements militaires.

 

Or, Esterhazy est un homme malade (il est atteint de tuberculose) et cette maladie, qui conduit à l’époque inévitablement à la mort, n’est peut-être pas sans influence sur l’absence de scrupules qui va l’animer. Mythomane (il s'invente une généalogie, des relations mondaines et des duels), il est cupide, avide, aime le luxe et l’argent. Quand il n’en a plus il en emprunte, à Edouard Drumont (célèbre journaliste antisémite de l’époque) autant qu’au baron de Rothschild (l’argent n’a pas d’odeur !). A bout de ressources, cependant, il décide de tirer profit de ses fonctions en proposant ses services à l'ambassade d'Allemagne.

En septembre 1894, il rédige une correspondance adressée au lieutenant-colonel Maximilien Von Schwartzkoppen, attaché militaire de l’ambassade d’Allemagne à Paris, à laquelle est jointe divers renseignements (notamment sur le frein hydraulique du canon de 120 et sur le manuel de tir d'artillerie).

 

Pas de chance, la femme de ménage est une alsacienne (hoplà !) qui transmet patriotiquement, à la fin du mois de septembre 1894, le document au « Service de la statistique » des armées françaises du colonel Sandherr, autrement dit le contre-espionnage.

 

Ce courrier, on ne l’appellera plus que sous le nom de « bordereau ».

 

Dès octobre, les soupçons se portent sur le capitaine Alfred Dreyfus, officier stagiaire à l'Etat-Major, qui est arrêté le 15 octobre par le commandant Du Paty de Clam, chargé de l'enquête. Le 22 décembre 1894, le Conseil de guerre condamne Dreyfus à la déportation à vie au bagne de Cayenne.

 

Il est dégradé publiquement dans la grande cour de l'Ecole Militaire en janvier suivant puis envoyé en avril à l'île du Diable. Affaire réglée. Estehazy peut continuer ses méfaits. Il devient même commandant.

 

La suite...

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ses meybeline
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